Le bien et le mâle
Le racisme, comme l'antisémitisme, l'homophobie ou l'appel à la haine ne sont pas une opinion, c'est un délit. La misogynie, si elle n'est pas assortie d'une injonction à aller agresser des femmes, n'en est pénalement pas une mais elle l'est aux yeux de la doxa, politique, médiatique et associative. Tex, l'ancien présentateur de l'émission les z'ammours s'en souvient encore, lui qui s'est fait virer manu militari de son émission en 2017 après avoir sorti une blague pas drôle jugée sexiste par les nouveaux inquisiteurs. Si comme nous l'avons bien compris on ne rigole pas avec la condition féminine, en cette rentrée littéraire, la misandrie semble être encouragée, elle, qui a le droit d'être écrite et publiée. Je me suis donc intéressé aux deux représentantes du moment, Pauline Harmange et Alice Coffin.
"Moi les hommes, je les deteste" au moins, on ne pourra pas reprocher à Pauline Harmange de cacher ses opinions misandres derrière une rhétorique sociologique, non pas que des explications foireuses sociologiques ne ponctuent pas son bouquin, mais au moins elle ne tente pas de les cacher derrière une pseudo égalité ou un discours anti-patriarcal imaginaire qui sont censés profiter aux hommes également
Erwan Cario, journaliste à Libération et surement masochiste, s'est enthousiasmé comme les petites connes de mad'moizelle au sujet de ce brûlot qui n'est pas d'après l'auteur, "un appel à la violence envers les hommes". En effet, bien que le contenu est parfaitement indigeste, il n'y a pas d'appel direct à violenter les hommes, mais plutôt une explication par A+B de pourquoi l'homme par sa nature et dans son intégralité de genre est menaçant, délétère et pourquoi en tant que femme, il faut s'en tenir à l'écart. Pauline Harmange explique d'ailleurs très bien a Marie Claire pourquoi la Misandrie, d'après elle, n'est pas un appel à la haine "la misandrie n'est pas un appel au harcèlement au meurtre ou à l'oppression" et d'ajouter "Ce n'est pas le féminin de la misogynie" ... Sauf que si en fait, la misandrie et le féminin de la misogynie, s'en est même la définition, et comme la misandrie, la misogynie n'est pas non plus un appel au harcèlement, au meurtre ou à l'oppression. la misogynie comme la misandrie ne sont que du mépris pour le sexe opposé, elles ne se manifestent pas nécessairement par de la violence physique.
On touche là, la réelle faiblesse du contenu de cet essai. Tous les exemples donnés ou toutes les idées développées par Pauline Harmange peuvent se retourner contre l'auteur par un effet miroir. Sa haine, même sans violence des hommes n'est motivée que par son impression de vivre dans une société sexiste et patriarcal, impression entretenue par son environnement qui n'a pas l'air de cultiver la pluralité d'opinion. comme elle dit dans Marie Claire, "dans mon entourage, nous sommes toutes misandres" rien de mieux donc pour un montage de bourrichon en règle, ça nous permet au moins de mieux comprendre sa vision binaire de la société et du statut des hommes et des femmes, je vous l'ai dit, une femme honnête cette Pauline Harmange.
Son essai se destine donc aux femmes ou aux rares hommes, comme le sien qui a surement mérité son respect le jour ou il s'est décidé à pisser assis. Des personnes qui partagent déjà ses idées, sa vision peu joyeuse des rapports hommes/femmes et une ode à la sororité qui n'est pas partagée par l'immense majorité des femmes qui ne voient pas dans chaque homme un agresseur potentiel. Ses écrits seront publiés aux Etats Unis, berceau de l'intersection et des luttes stériles, ou il aura, j'en suis sûr, un franc succès, dans ce pays ou Pauline Harmange a 53 ans de retard avec Valérie Solanas.
L'autre plume de la rentrée explose en vol Pauline Harmange niveau "what the fuck". Alice Coffin est journaliste, Alice Coffin est lesbienne et c'est son droit, extrêmement fière de l'être. Alice Coffin est encartée chez EELV (comme-si ce parti avait besoins de ça) et elle occupe un siège au conseil municipal de la ville de Paris (comme-si cette ville avait besoins de ça). Comme Pauline Harmange, Alice Coffin déteste les hommes et n'est pas tendre non plus avec les femmes hétérosexuelles qui sont la cause d'une importante dissonance cognitive chez elle. Elle ne comprend pas comment ces femmes peuvent coucher avec l'ennemi. J'ai trouvé pour elle un article édifiant du site Causette "le féminisme peut il nous faire sortir de l'hétérosexualité" (lien en bas de page) ou des profils aussi variés que Flo 27 ans, Hélène 40 ans ou Marie 23 ans toutes trois se disant hétérosexuelles, nous expliquent comment leur militantisme féministe les a poussé à vouloir dorénavant uniquement des relations amoureuses avec des femmes. Entre honte de ressentir une attirance pour l'oppresseur, et envie de se faire culbuter par le livreur, leur frustration n'a d'égale que leur auto persuasion que l'hétérosexualité est une construction sociale (mais attention, pas l'homosexualité qui n'est pas un choix), un sacré concentré de névroses, qui ne concernera jamais plus que quelques illuminées jusqu'au boutistes. Dommage pour Alice.
Pour être complétement honnête je n'ai pas lu le "génie lesbien" d'Alice Coffin, il est bien plus épais et beaucoup plus cher que l'essai de Pauline Harmange. Je ne ferai pas une critique direct du livre mais plutôt de l'auteur qui, je pense, a un profil plus intéressant que ses écrits. Comme Pauline Harmange, Alice Coffin a été élevée dans le militantisme du collectif "la Barbe" avec sa mère, et comme Pauline Harmange elle s'est d'abord fait remarquer par ses propos.
Sur RT France déjà face à guillaume Bernard, elle disait que n'être pas mariée à un homme la préserve "d'être battue, violée, violentée et ses enfants aussi" et d'ajouter "faut voir les chiffres" ... et bien je suis allé voir les chiffres, 70% des infanticides sont commis par des femmes, d'après l'A.G.I.R seul association à communiquer des chiffres sur les violences dans les couples lesbiens (aucune association féministe ou LGBT n'en parle) 12% des femmes en couple lesbien affirment avoir été victimes de violences dans le couple. Alors non Alice, être mariée à une femme ne te dispensera pas nécessairement d'être violentée ou violée, ni tes enfants, pas plus d'ailleurs que d'être toi même l'auteur de ces violences et il n'y aura dans ce cas pas d'homme à accuser. Le deuxième propos particulièrement contradictoire, est un extrait de son livre. Elle précise qu'elle n'écoute plus de la musique composée par des hommes, ne lis plus des livres écrits par des hommes ou de films réalisés par des hommes mais ne voit aucun problème à se faire publier par Grasset, maison d'édition dirigée par des hommes depuis 1907 ... cette façon de refuser et de rejeter tout ce qui est masculin (du moins ce qui l'arrange, il y a peu de chance que ce soit une femme qui ait conçue son téléphone) est une façon pour elle d'éliminer les hommes, pas physiquement bien sûr, comme Pauline Harange, elle n'appel pas à la violence. Elle veut les éliminer, les ignorer, créer une sorte d'appartheid entre les sexes, avec la prétention, comme Pauline Harrange, de croire d'une part que les hommes ne peuvent pas se passer des femmes comme elles dans leurs vies et d'autres part, qu'elle sera suivie par le plus grand nombre alors que même les journalistes Caroline Fourest et Pauline Delassus, journalistes comme elle, militantes comme elle, féministes comme elle, lesbiennes comme elle, ont littéralement explosé son livre et ses idées: Pauline Delassus a écrit pour Paris Match :
« Elle demande l'inclusion et pourtant ne cesse d'exclure. Les stéréotypes de genre affluent, donnant une vision démodée de la sexualité, ignorant la bisexualité et la fluidité assumées aujourd'hui par la jeune génération. [...] Dans un condensé simpliste et intransigeant, la militante met dans un même sac tous les hommes, renvoyés à une masse informe et indistincte, « des assaillants », écrit-elle. « Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer ». Tout en nuances, Alice Coffin précise qu'elle ne lit plus de livres écrits par des hommes, qu'elle ne regarde plus de films réalisés par des hommes, qu'elle n'écoute plus de musique composée par des hommes. [...] Cette vue partiale illustre la méthode d'Alice Coffin. La jusqu'au-boutiste ne convainc pas, elle assène ; elle ne démontre pas, elle martèle ; elle ne pense pas, elle généralise. Censé être une apologie du droit à la différence, son argumentaire dévoile au contraire une idéologie rétractée, communautariste, teintée de sectarisme. Le titre de l'essai résume la pensée - et l'ouverture d'esprit - d'Alice Coffin : « Le génie lesbien », présupposant qu'une communauté, définie par ses préférences sexuelles, serait supérieure aux autres. »
Avec des soutiens comme ça, pas besoins de détracteurs.
https://www.causette.fr/en-prive/amours/le-feminisme-peut-il-nous-faire-sortir-de-lheterosexualite
C.C Schiess