L'émotion et les sentiments

09/10/2020

La France est un pays d'émotion, de sentimentaux même, après le sentiment de paupérisation, nous voila face à la question du sentiment d'insécurité. Suite à un été particulièrement vif en faits divers sordides aussi bien à Bayonne, Sarcelle ou Aiguillon, les commentateurs et politiques de tous bords se sont jetés dans l'arène du débat ou plutôt  de l'injonction à croire à telle ou telle version . Entre France orange mécanique pour les uns ou sentiment d'insécurité pour les autres. Qu'un sentiment puisse extrapoler une réalité, sans doute, est ce qu'il est pour autant sans fondement et est ce qu'il n'est pas le symptôme d'un problème réel ?


 D'après les chiffres du ministère de l'intérieur, pour l'année 2019, les violences sexuelles ont augmenté de 12% après une augmentation de 19% en 2018, Coups et blessures volontaires sur personne de plus de 15 ans de 8% après une augmentation déjà de 8% en 2018 et les homicides de 9% après une année stable en 2018. Les chiffres officielles, donnent donc tort à ceux qui prétendent que les actes de violences touchant la population ne sont pas en augmentations. D'autant que cette hausse s'accumule d'année en année, ce qui augmente, d'une part la possibilité d'être victime d'un acte de violence et d'autre part, la possibilité de connaître une personne proche ou moins proche victime d'un acte de violence, ce qui naturellement résonne dans la société comme une menace réelle et palpable. Le confinement de 2020 viendra bien sûr faire baisser la moyenne cette année, ce qui fournira un nouvel argument biaisé à la gauche, la France Insoumise et EELV en tête, mais également à la presse comme Libération ou même Le Monde, partisan de ce fameux "sentiment" d'insécurité et de mettre en cause notre voyeurisme. 

Cette société de l'image, des chaînes d'informations en continu qui nous abreuvent de vidéos et de commentaires qui exultent cette violence. Rhétorique habituelle de cette gauche, qui plutôt que de trouver les causes, l'origine et les raisons de cette violence, montre du doigt la société. Nous avons l'habitude, ce sont les mêmes qui nous expliquent que les délinquants des quartiers le sont car la société les ont exclus. Ne pleurez pas victimes, n'angoissez pas futures victimes, remettez vous plutôt en question, vous êtes de toute façon responsables de ce qui vous arrive .... 

Le petit détail que tous ces défenseurs omettent est que cette société de l'image, des médias et de l'instantanéité n'existe pas depuis l'année dernière. Les réseaux sociaux, les smartphones avec caméra et connexion internet font partie du quotidien et de l'équipement de l'écrasante majorité des Français depuis une bonne dizaine d'années. Pourquoi de telles images de Barbaries, qui n'était pas nécessairement inexistantes auparavant d'ailleurs, se sont multipliés ces dernières années jusqu'à devenir casi-hebdomadaires cet été, si ce n'est la multiplication de scènes et d'événements à filmer ? La gauche a un problème avec les faits, même les plus évidents.

 Ce n'est pas comme si la majorité en place n'avait pas pris a bras le corps le problème. Non, je plaisante bien sur ,même si notre ministre de l'intérieur ose au moins formuler le mot qui fâche "ensauvagement". Il s'est néanmoins attirer les foudres de la gauche bien pensante précité qui l'accuse de faire le jeu du RN en reprenant le vocable. C'est bien connu, si Marine Le Pen dit que le ciel est bleu, il est forcément mauve. Mais également dans son propre camps. Aurélien Taché, députe du Val d'Oise, ancien socialiste (sans rire) reprend les mêmes critiques. En même temps, qu'attendre d'un député qui compare le voile islamique à un serre tête et qui trouve anormale l'expulsion du territoire une famille Bosniaque qui avait tondue et tabassée leur fille parce qu'elle avait eu l'outrecuidance de tomber amoureuse d'un chrétien. Aurélien Taché est insignifiant comme tout ce qui est excessif certes, sauf que la fronde ne s'est pas arrêtée à lui. 

Notre nouveau garde des sceaux, Maître Dupont Moretti et c'est bien plus grave, se positionne lui aussi contre le ministre de l'intérieur et ce terme "d'ensauvagement". On lui aurait bien demandé quel est donc le terme adéquate mais manifestement la situation de cet été n'en nécessite pas un. Comme tous les Français, Maître Dupont Moretti est un grand émotionnel et un grand humaniste, tellement humaniste qu'il compatit fortement avec la population carcérale qui le lui rend bien, il est applaudi par les détenus lors de sa visite de la prison de Fresne, mais également dit il avec les victimes. C'est certain que la compassion envers les victimes n'est pas nécessairement un trait de caractère commun et obligatoire pour un garde de sceaux ou même d'ailleurs le système judiciaire, Taubira et Belloubet nous l'avaient bien fait comprendre, le syndicat de la magistrature et son mur des cons encore plus. 

Eric Dupont Moretti lui sur France Info déclarait "Après un drame, la priorité pour la victime n'est pas de se repaître de ce drame, mais d'essayer d'aller vers la résilience" ... Tout faux, Maître Dupont Moretti, la priorité pour un victime est que la société et la justice reconnaissent qu'elle à subit un préjudice, la résilience est, juste après la colère, l'état de survie d'une victime qui n'aura jamais de reconnaissance. Parmi les perles de cette interview citons également "La victime prend toute sa place dans un procès pénal alors qu'il est d'abord fait pour qu'un accusé soit jugé et puisse se défendre"... Certes, sauf que l'accusé se défend d'un acte mais la gravité de l'acte est corrélé aux préjudices d'une ou des victimes. "le contradictoire qu'apporte la défense d'un accusé et plus important que la défense de la victime. Elle n'a pas à être défendue puisqu'elle n'est accusée de rien" ... C'est bien pour cela que l'avocat qui représente la victime n'est pas appelé avocat de la défense mais représente l'accusation, et c'est cette accusation qui détermine et argumente la gravité des charges qui pèsent sur l'accusé. 

Maître Dupont Moretti aime les victimes, on en doute un peu après ses sorties sur France Info, à part si Maître Dupont Moretti aime les victimes uniquement quand elles sont mortes, ça ne parle pas et ça ne revendique pas un mort, pas de bol, sa famille oui. Dans l'émission "vous avez la parole" le 24 septembre 2020, Patricia Perez, la mère d'Adrien Perez,  jeune homme de 26 ans, poignardé en sortant d'une boite de nuit de Grenoble par Yanis et Younes El Habib en juillet 2018 s'exprime en larme sur la tragédie qu'est la perte de son fils et l'injustice que représente pour elle et sa famille, la décision d'un juge des libertés et de la détention (oui ça existe) de mettre un terme à la détention préventive de Yanis El Habib (il restera finalement en prison sur ordre de la chambre de l'instruction de la cours d'appel de Grenoble). Face à ce témoignage, on pourrait s'attendre à ce que notre garde des sceaux montre une dignité partagée avec le premier ministre Jean Castex qui semblait sincèrement touché par les propos de Patricia Perez. Que nenni, cachez moi cette mère éplorée que je ne saurais voir!  Ce qui choque Maître Dupont Moretti n'est pas l'histoire de Patricia Perez mais que les producteurs de France 2 l'aient choisi elle, pour témoigner: suite à l'émission, pendant une demi heure, notre garde des sceaux, pourri littéralement Delphine Ernotte, la patronne de l'audiovisuel. bonjour l'indépendance de la presse. Comme indiqué dans le Point il lui aurait dit "vous êtes pire que Cnews, pire!, vous allez faire élire Marine Le Pen" ... On comprend mieux pourquoi Maître Dupont Moretti n'aime pas le mot "ensauvagement" ou les témoignages des familles de victimes. La réalité risquerait de faire élire Marine Le Pen. Alors en bon garde des sceaux qu'il est, il recommande de casser le thermomètre plutôt que de faire baisser la température. 

Pourtant l'émotion est importante, elle est même au dessus de la loi d'après notre ancien ministre de l'intérieur, Christophe Castaner. Souvenez vous, après des manifestations illégales du collectif "Adama Traoré" en juin, en pleine crise sanitaire, l'ancien ministre de l'intérieur nous expliquait, je cite "l'émotion dépasse les règles juridiques". Donc l'émotion d'Assa Traoré quatre ans après le décès d'un demi frère qu'elle connaissait à peine lui donne le droit de réunir vingt milles personnes place de la République en pleine crise sanitaire, mais les familles de personnes décédées de cette même crise ne peuvent pas se réunir à plus de dix pour des funérailles ..... L'émotion, c'est décidemment comme le reste en France, à géométrie variable. 

C.C Schiess

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